dimanche 20 avril 2014

Les limites génétiques: un concept à revoir?


Notre code génétique renferme toutes les informations qui font ce que nous sommes. Nous sommes absolument tous uniques, et la complexité de ce code ne fait que renforcer notre identité. Dans le monde de la musculation, la génétique joue un rôle impératif, qui peut être avantageux comme limitant, souvent utilisé comme prétexte. Quelles sont nos limites génétiques?


I - Vous êtes un individu unique. Nous ne sommes pas tous égaux:


Nos molécules d'ADN renferment bien des secrets, que nous ne connaissons absolument pas, même avec l'avancée de la recherche scientifique.

Pour le commun des gens, nos différences se voient au niveau des traits du visage, de la couleur de peau, de cheveux, des yeux. Mais ça n'est que la partie immergée de l'iceberg.

L'apparence physique extérieure ne représente peut être que 1% si ce n'est moins des différences que nous, humains, avons.

Car tous les processus, modes de fonctionnements du corps, système immunitaire, taux hormonaux, systèmes digestifs, métabolismes, nombre de cellules musculaires, distribution et pourcentage de type de fibres, longueur des os... Sont eux aussi régis par notre code génétique.

Et ça, vous ne pourrez jamais le voir ! Seulement vous en rendre compte, par évidence ou anecdote.

Ce qui est invisible à l'oeil nu est pourtant déterminant de ce que nous pouvons apprécier, toucher du doigt... Et de nos progrès !

Chacun d'entre nous possède donc ses propres qualités ainsi que ses faiblesses. Nous ne progressons pas tous à la même vitesse, et il est évident que certains d'entre nous ne pourrons rivaliser avec les meilleurs.

Bien souvent, ce phénomène est justifié par certains pour apposer des "limites", imposer un idéal ou encore s'excuser de leur stagnation.

A l'heure où le dopage permet de dépasser ces dites "limites génétiques" imposées par certains, et où internet nous expose des athlètes aux performances et aux physiques bien développés, les discutions ne font que colporter l'incertitude de l'utilisation de ces produits.

Dans la plupart des cas, au moindre physique dépassant les leurs, il est très facile de blâmer l'utilisation de produits dopants. Mais est-il réellement possible que vos limites génétiques aient été atteintes? Où sont ces limites? Quel est le plafond?

II - Les limites génétiques: ou comment limiter ses progrès:


Bien entendu, plus vous progressez, plus les progrès se font difficiles.

Au mieux vous avancez dans votre quête de performance, d'esthétique physique ou de développement musculaire, au moins vous verrez des changements flagrants. Cela est un fait connu et reconnu... A moins que !

Et si, ces ralentissements, ces stagnations de plus en plus fréquentes n'étaient pas dûes à votre génétique? Et si, en fin de compte, vous étiez simplement à un pas de débloquer de nouveaux progrès?

Personne n'est venu au monde avec un postiche sur le visage leur indiquant "Plus tard, tu feras au maximum 75kgs, tu ne soulèvera jamais plus de 160kgs au squat, après exactement 5 ans d'entrainement.".

Vouloir mettre des limites chiffrées et quantifiées sur son prétendu "potentiel génétique" est une hérésie.

Il est absolument impossible de se faire une idée et même de savoir où sont vos limites. Et ça n'est pas parce que vous voyez un chiffre sur internet copié collé par X internautes que cela est vrai !

Qui a décrété cela? Sur quels critères? Dans quelles conditions? Et surtout... en quel honneur?

III - Et si nos limites génétiques étaient conditionnées?


Et c'est là que tout se complique. Comment savoir que l'on a atteint nos limites?

Est-ce que nous pouvons prétendre avoir utilisé 100% de nos capacités à la moindre stagnation?

Absolument non. Au contraire, les limites génétiques ne semblent pas fixer de réel plafond, cela est anecdotique.

Combien de personnes ont eu énormément de mal à progresser au développé couché, après des mois et des mois de stagnation, puis ont changé un paramètre technique et ont gagné 20kgs en un temps record?

Qu'en est-il des compétiteurs qui, années après années atteignent un niveau de développement qu'eux-même n'auraient jamais cru possible?

Vos limites génétiques ne sont pas absolues, mais plutôt sous conditions.

Effectivement, votre limite génétique vous fixera un pallier si vous mangez d'une façon et vous entrainez de telle manière.

Puis, en modifiant ces aspects, vous sentirez que vous allez débloquer de nouveau la progression, puis vous atteindrez de nouveau la barrière de stagnation, qui pourra durer peut être des années si rien de bouge. Puis vous changerez de nouveau, et progresserez encore, et ainsi de suite...

Ainsi, quelqu'un qui mange 3000kcal de certains aliments, aura peut être ce qu'il appelle une "limite génétique" de 75kgs, tandis qu'avec le même plan alimentaire son camarade d'entrainement maintiendra 85kgs.

Et si, cette personne, n'était pas limité directement par les capacités de son corps à s'hypertrophier, mais indirectement par ses facultés digestives héréditaires?

De la même façon, quelqu'un qui s'entraine toujours de la même manière, plafonnera peut être à 120kgs en charge maximum au développé couché durant une année ou plus.

Il attribuera cela à "sa génétique", ne voyant plus les progrès venir, et se contentera de maintenir ses gains, voire de s'aventurer dans d'autres domaines/exercices.


Des limites imaginaires se figeront dans son esprit, et il finira effectivement par stagner.


Alors qu'il aurait peut être simplement fallut qu'il travaille sa technique pour gagner 10kgs en quelques semaines seulement, charge qui aurait stimulé ses muscles différemment et plus intensément.

Ce nouveau stimulus, qui aurait déclenché une adaptation du muscle, et par la même occasion, un nouveau stade de progrès?

Nous n'avons pas spécialement de "limite génétique" absolue. Notre génétique dicte peut être le maximum de progrès que nous pouvons effectuer sous certaines conditions, un point à souligner.

IV - La perte de motivation et de remise en question:


Le souci avec le concept de limites génétiques, même s'il est bien réel à un certain point, est qu'il nous cantonne à une limite abstraite, fixée par des croyances et inamovible.

Qu'advient-il de l'athlète de niveau avancé à qui l'on dit qu'il "est à ses limites génétiques"?

Que se passerait-il si l'on vous dit que quoique vous fassiez, vous ne pourrez plus jamais progresser, tout simplement parce que vous êtes nés comme ça?

La perte de motivation, pure et dure. Le manque d'entrain. Et par conséquent une moindre remise en question.

Ces personnes s'entrainent depuis des années, ont certainement lu à peu près tout ce qu'ils avaient à lire, et ont bien souvent "essayé" diverses méthodes d'entrainement. L'expérience est très vaste en ce qui les concerne.

Et c'est bien là le problème !

A nos débuts, nous "essayons" de trouver le programme parfait, la façon de s'entrainer qui nous convient, et nous nous enfermons finalement dans une routine.

Routine qui finit petit à petit par renforcer nos positions sur ce que nous croyons savoir, jusqu'à l'ancrer profondément dans notre peau.

En cela, le changement deviens l'ennemi. Nous avons créés nos propres croyances, nos propres dogmes, et nous nous y collons coûte que coûte.

Et si, finalement, nos fameuses "limites génétiques" venaient de là?

Souvenez-vous, nos limites génétiques sont bien souvent conditionnelles: avec les mécanismes dont nous sommes dotés, nous ne pouvons progresser que jusqu'à un certain point grâce à ce que l'on met en commun.

Si vous mangez 3000kcal par jours, que vous êtes montés jusqu'à 75kgs de poids de corps plutôt sec, et que vous continuez indéfiniment à manger autant, il est évident que vous ne progresserez plus.

Votre corps n'a pas la capacité de continuer de construire du muscle avec ce taux de calories, de la même façon qu'un débutant qui ingère 2000kcal par jours ne progressera pas indéfiniment.

Et si, à force de nous croire "à nos limites", et de donner des conseils aux autres, nous ferions mieux de les appliquer sur nous même, comme si nous étions nous même débutants?

A force d'expérience, nous perdons notre regard objectif. Et à force de stagnation, nous perdons notre motivation.

Comme si cela ne suffisait pas, à force d'avoir un meilleur niveau que les autres, vous allez vous reposer sur vos lauriers.

Ca n'est pas pour rien que les compétiteurs sont de loin les plus forts, dans n'importe quelle discipline sportive. A force de côtoyer des gens plus forts que vous, vous gardez cette humilité d'esprit, et cet "oeil du tigre", qui vous pousse à vous dépasser.

Le dopage n'est pas la solution à tout. Quand vous pensez avoir atteint vos limites génétiques imaginaires, apposées par un quelconque individu lambda sur internet dont vous ne connaissez ni le niveau ni l'expérience, pensez aux moyens à mettre en oeuvre pour continuer de progresser.

Sortez, documentez-vous, entrainez-vous avec de meilleurs que vous, apprenez des autres, rencontrez-vous, dépassez-vous. Aucune limite n'est fixe, et il suffit parfois d'un rien pour débloquer le pallier suivant.



Oubliez ce fameux concept de "limites génétiques", et continuez de progresser, gardez la volonté qui vous animait aux premiers jours de votre parcours. Personne n'est né avec une étiquette sur la tête, et encore moins avec des chiffres incertains colportés et déformés par un inconnu derrière son ordinateur. Vous êtes uniques !

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